La compagnie aérienne française emblématique, Air France, envisage avec ambition de relancer ses liaisons aériennes vers Bamako (Mali), Niamey (Niger) et Ouagadougou (Burkina Faso). Ces vols, suspendus depuis août 2023 en raison de la dégradation du contexte géopolitique au Sahel, représentent une priorité stratégique pour le transport aérien en Afrique de l’Ouest.
Dans une récente interview accordée au magazine Jeune Afrique, Anne Rigail, directrice générale d’Air France, a exprimé la détermination du groupe à rétablir ces connexions dès que les conditions le permettront. Cependant, cette reprise dépend avant tout de l’approbation des autorités locales, un défi de taille dans un climat politique tendu.
Un enjeu économique et diplomatique
Ces trois destinations ne sont pas de simples escales pour Air France : elles constituent des marchés stratégiques pour la compagnie. Le Mali, notamment, reste un hub incontournable en raison des échanges économiques et du flux croissant de voyageurs entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe.
Mais la tâche s’annonce ardue. En octobre 2023, les autorités maliennes ont annulé l’autorisation de reprise des vols d’Air France, invoquant des tensions diplomatiques avec Paris. Au Burkina Faso, la situation est tout aussi complexe, avec des conditions strictes posées par le gouvernement local, notamment la suppression du statut de « zone rouge » attribué par la France.
Quant au Niger, un autre acteur clé dans cette équation, il a interdit le survol de son territoire à tous les avions français en septembre 2023, une mesure qui complique non seulement les opérations vers Niamey mais aussi les liaisons vers d’autres destinations africaines.
La suspension des vols : entre instabilité et tensions
Les raisons ayant conduit Air France à suspendre ses vols en août 2023 sont multiples. Les coups d’État successifs au Mali, au Niger et au Burkina Faso ont entraîné des réorganisations politiques profondes, souvent hostiles à l’ancienne puissance coloniale française. Ces changements de régime se sont accompagnés d’une montée des tensions sécuritaires, marquées par l’intensification des activités de groupes armés dans la région.
Pour Air France, continuer à opérer dans de telles conditions représentait un risque logistique et financier important. De plus, les relations diplomatiques tendues entre Paris et les nouvelles autorités locales ont renforcé l’incertitude.
Une stratégie de résilience et de coopération
Malgré ces défis, Air France ne baisse pas les bras. La compagnie mise sur des partenariats stratégiques pour renforcer sa présence en Afrique de l’Ouest. Les collaborations avec des transporteurs locaux tels qu’Air Sénégal et Air Côte d’Ivoire pourraient s’avérer décisives pour reconstruire son réseau dans la région.
Anne Rigail a également souligné l’importance de respecter les attentes et les exigences des autorités locales. Cet effort d’adaptation vise à restaurer la confiance et à créer des conditions favorables à la reprise des vols.
Perspectives pour un retour attendu
Air France considère Bamako, Ouagadougou et Niamey non seulement comme des destinations clés, mais aussi comme des passerelles stratégiques entre l’Afrique et l’Europe. Leur reprise est essentielle pour maintenir la position de la compagnie comme leader du transport aérien sur le continent africain.
Cependant, ce retour dépendra en grande partie de l’évolution du climat géopolitique. Une amélioration des relations entre Paris et les gouvernements locaux, ainsi qu’un apaisement des tensions sécuritaires, seront déterminants pour permettre à Air France de reprendre pleinement ses activités.
Pour la compagnie française, ces marchés ne sont pas de simples destinations : ils représentent des opportunités de croissance, mais aussi un défi en termes de diplomatie et d’adaptation culturelle. Si les obstacles actuels sont surmontés, ce retour pourrait marquer une nouvelle ère dans les relations entre Air France et l’Afrique de l’Ouest.
Avec des enjeux à la fois économiques, politiques et logistiques, Air France réaffirme son engagement envers l’Afrique, témoignant ainsi de son ambition de jouer un rôle central dans la connectivité du continent avec le reste du monde.