Le 8 novembre dernier, au Burkina Faso, lors de l’adoption du projet de loi sur les travaux d’intérêt général, le ministre de la Justice, Claude Bayala, a annoncé que le retour de la peine de mort serait inclus dans le projet du nouveau code pénal. Depuis le coup d’État de 2022, le gouvernement militaire dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré impose un contrôle rigoureux sur le pays, emprisonnant les voix critiques et contraignant certains opposants à rejoindre les forces armées pour combattre les groupes djihadistes en première ligne.
La terreur au quotidien
En avril 2023, le gouvernement burkinabè a adopté un décret déclarant la « mobilisation générale » et menaçant de répression toute personne critiquant le pouvoir en place. Ce décret a créé un climat de peur au sein de la population. Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées puis envoyées au front, une situation qui suscite des craintes et des désaccords au sein de la société civile.
Le retour de la peine de mort pour légitimer les décès
L’artiste burkinabè Amamy Kj, actuellement en exil, critique sévèrement cette décision. Pour lui, le rétablissement de la peine de mort s’inscrit dans la logique violente du régime militaire actuel. Il affirme : « Le régime de Traoré enlève et torture des citoyens. Quand ces gens ne survivent pas à la torture, le pouvoir veut justifier leur mort en rétablissant la peine capitale, prétendant qu’ils étaient des ennemis de la nation. » Selon lui, cette démarche viserait à masquer les exécutions extrajudiciaires en prétendant que les victimes étaient légalement condamnées à mort.
Un recul pour les droits humains
En 2018, le Burkina Faso avait pourtant aboli la peine de mort, une avancée saluée dans la région. Aujourd’hui, Human Rights Watch appelle le gouvernement à renoncer à ce retour en arrière. La chercheuse Ilaria Allegrozzi explique que, bien que le Burkina Faso soit confronté à de graves menaces de sécurité en raison de l’insurrection djihadiste en cours, la reprise des exécutions ne rendra pas le pays plus sûr. Elle dénonce également les abus commis par les forces armées contre les civils et les arrestations arbitraires de ceux qui s’opposent au régime.
Un climat de répression
L’espace pour les voix dissidentes au Burkina Faso s’est considérablement réduit. Le gouvernement militaire justifie son pouvoir par la nécessité de rétablir la paix, mais les attaques terroristes continuent d’augmenter. De plus, l’armée affirme régulièrement avoir déjoué des complots de déstabilisation, sans fournir de preuves tangibles.
Appel international pour la justice et la transparence
Human Rights Watch appelle le Burkina Faso à revenir à un cadre de gouvernance démocratique et à respecter les droits humains fondamentaux. Amnesty International, de son côté, souligne l’augmentation des condamnations à la peine de mort en Afrique subsaharienne, notant que le Burkina Faso risque de faire marche arrière en matière de droits humains.