La récente saisie de 4 tonnes de café brut à Korhogo et de 50 tonnes de maïs à Ferkessédougou met en lumière une problématique majeure qui mine l’économie agricole en Afrique de l’Ouest : le commerce illicite des produits agricoles. Ces événements récents soulèvent des questions critiques concernant la gestion des ressources agricoles, la régulation des flux transfrontaliers, et les efforts nécessaires pour contenir cette pratique préjudiciable.
Une menace pour l’économie agricole
Le jeudi 17 janvier 2025, un contrôle de routine effectué par la Gendarmerie Nationale au corridor nord de Ferkessédougou a conduit à l’interception de 50 tonnes de maïs destinées au Burkina Faso. Cette saisie est intervenue dix jours après une autre opération menée par la police des stupéfiants et des drogues, qui avait permis de saisir 4 tonnes de café brut en partance pour le Mali. Dans les deux cas, les marchandises étaient transportées sans les documents requis, tels que les rapports douaniers ou les autorisations émanant de l’Office d’Aide à la Commercialisation des Produits Vivriers (OCPV).
Ces saisies illustrent le rôle crucial des forces de l’ordre dans la lutte contre le commerce illicite, mais elles révèlent aussi les lacunes dans la surveillance des corridors stratégiques. Les produits agricoles, essentiels pour la sécurité alimentaire locale, sont souvent ciblés par des réseaux organisés qui exploitent les failles du système de contrôle.
L’impact du commerce illicite sur la sécurité alimentaire
La fuite de produits agricoles hors des frontières ivoiriennes sans respect des règles douanières perturbe l’approvisionnement local et contribue à une augmentation des prix sur le marché intérieur. La Côte d’Ivoire, étant l’un des principaux producteurs agricoles de la région, joue un rôle vital dans la régulation des flux alimentaires en Afrique de l’Ouest. Cependant, le commerce illicite compromet cet équilibre, rendant les produits moins accessibles aux populations locales tout en créant des tensions économiques et sociales.
Les irrégularités relevées
Dans les deux cas récents, les irrégularités étaient flagrantes. Le transport des 50 tonnes de maïs et des 4 tonnes de café brut s’est fait sans aucun des documents réglementaires. Ces formalités, qui incluent les rapports douaniers et les autorisations de l’OCPV, sont essentielles pour assurer la traçabilité des produits et protéger l’économie agricole nationale. Le non-respect de ces obligations expose les contrevenants à des sanctions lourdes, notamment des amendes substantielles et des peines de prison.
Une nécessité de renforcement des contrôles
Face à ces incidents répétés, le gouvernement ivoirien est appelé à intensifier ses efforts pour prévenir le commerce illicite des produits agricoles. Cela inclut :
- Le renforcement des mesures de contrôle : Les points stratégiques comme les corridors nord doivent être équipés de systèmes de surveillance modernes pour détecter les tentatives de fraude.
- La sensibilisation des acteurs : Les producteurs, transporteurs et commerçants doivent être informés des conséquences légales et économiques du commerce illicite.
- La collaboration régionale : Les pays voisins, comme le Burkina Faso et le Mali, doivent coopérer avec la Côte d’Ivoire pour mettre en place des mécanismes régionaux de lutte contre la fraude.
Une responsabilité collective
Les opérations de saisie récentes soulignent l’importance d’une approche collective pour préserver les ressources agricoles nationales. Les forces de l’ordre, les autorités douanières et les institutions comme l’OCPV jouent un rôle central dans cette lutte. Parallèlement, le soutien des populations locales est essentiel pour signaler toute activité suspecte et favoriser une distribution équitable des ressources.
Le commerce illicite des produits agricoles demeure un défi majeur pour la Côte d’Ivoire et la région ouest-africaine. Les récentes saisies de café et de maïs rappellent l’urgence d’agir pour protéger les intérêts économiques et la sécurité alimentaire des populations. En renforçant les mesures de contrôle, en sensibilisant les acteurs et en favorisant une collaboration régionale, la Côte d’Ivoire peut espérer réduire les impacts négatifs de ce fléau sur son économie et ses citoyens.