En Côte d’Ivoire, la proposition d’augmenter les taxes sur le tabac suscite de vives préoccupations dans l’industrie. Cette hausse pourrait entraîner la fermeture des entreprises locales, menaçant ainsi des milliers d’emplois. Selon les acteurs du secteur, une augmentation significative du prix des cigarettes, passant de 1 500 à 2 000 FCFA par paquet, placerait la Côte d’Ivoire parmi les pays aux taxes les plus élevées d’Afrique, ce qui pourrait avoir des effets néfastes, notamment une explosion du commerce illicite.
Dans les pays voisins, comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger, où les prix sont moins élevés, le commerce illicite pourrait facilement prospérer, alimenté par des trafics transfrontaliers. Ce phénomène a été observé dans d’autres régions du monde, notamment en Asie, où des augmentations fiscales trop brutales ont souvent entraîné une forte hausse des ventes illégales de tabac, rendant inefficaces les efforts pour réduire la consommation légale.
Au-delà de l’aspect économique, la montée du commerce illicite pourrait aggraver les risques pour la sécurité nationale. Les réseaux criminels, déjà actifs dans la région, pourraient profiter de cette situation pour renforcer leurs activités, ce qui pourrait également alimenter des groupes impliqués dans des activités illicites, notamment dans des zones instables du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
Par ailleurs, le secteur du tabac représente une source d’emploi considérable en Côte d’Ivoire. La fermeture d’usines dans le pays pourrait entraîner une vague de chômage, impactant non seulement les employés directs mais aussi les emplois indirects dans les filières de distribution et de transport. Actuellement, aucun plan gouvernemental n’a été prévu pour compenser ces pertes d’emplois, ce qui pourrait accentuer la crise sociale.
Si l’objectif de cette augmentation fiscale est de réduire la consommation et d’augmenter les recettes de l’État, elle risque également de provoquer des effets secondaires contre-productifs. Les experts recommandent donc une approche plus progressive, accompagnée de mesures efficaces contre le marché noir, afin de limiter les risques pour l’économie et la sécurité nationale. En s’inspirant des expériences d’autres pays, une réforme bien planifiée et étalée dans le temps pourrait permettre de maximiser les bénéfices fiscaux tout en minimisant les effets négatifs sur le tissu social et économique.