Sandra Muhoza, journaliste pour le média en ligne La Nova Burundi, a été jugée par le tribunal de grande instance de Mukaza, situé à Bujumbura, la capitale économique du Burundi. Selon les déclarations de son avocat, Me Éric Ntibandetse, elle a été condamnée à une peine cumulée d’un an et six mois de prison pour “atteinte à l’intégrité du territoire national” et trois mois supplémentaires pour “avoir discrédité l’image du pays”. Ces sentences combinées portent la durée totale de sa détention à un an et neuf mois.
Une décision controversée
Me Ntibandetse s’est déclaré profondément déçu par cette décision judiciaire, qu’il considère comme infondée. Selon lui, Sandra Muhoza n’a commis aucun délit susceptible de justifier une telle condamnation. Il a dénoncé un verdict qu’il juge disproportionné et injustifié.
Un membre de la famille de la journaliste, ayant requis l’anonymat par crainte de représailles, a également exprimé son indignation face à cette décision. Il a qualifié la sentence de “scandaleuse” et affirmé que le dossier de l’accusée était “vide”. Selon ce proche, cette condamnation reflète un acharnement des autorités à l’encontre des voix critiques dans le pays. La famille envisage de faire appel du jugement.
Une pression judiciaire grandissante sur les journalistes
Le cas de Sandra Muhoza s’inscrit dans un contexte plus large de répression à l’encontre des journalistes au Burundi. Le mois dernier, le parquet avait requis une peine beaucoup plus lourde de 12 ans de prison contre elle. Cette demande faisait suite à des accusations liées à des informations qu’elle aurait partagées sur un groupe privé WhatsApp. Selon Reporters sans frontières (RSF), ces accusations portaient sur un message où elle aurait relayé une information concernant une prétendue distribution d’armes par le gouvernement. RSF précise que Sandra Muhoza ne menait aucune enquête journalistique sur ce sujet au moment des faits.
Le cas de Sandra Muhoza n’est pas isolé. En août 2023, une autre journaliste burundaise, Floriane Irangabiye, avait été condamnée à une peine encore plus lourde de 10 ans de prison pour “atteinte à l’intégrité du territoire national”. Toutefois, cette dernière a bénéficié d’une grâce présidentielle quelques mois plus tard. Cette grâce avait été accordée par le président Évariste Ndayishimiye, qui a succédé à Pierre Nkurunziza après le décès de ce dernier en 2020.
Répression et mobilisation
Les cas de Sandra Muhoza et de Floriane Irangabiye illustrent les défis auxquels les journalistes burundais sont confrontés dans l’exercice de leur métier. Les organisations internationales de défense des droits de l’homme, à l’instar de RSF, suivent de près l’évolution de ces affaires et appellent régulièrement les autorités burundaises à respecter la liberté de la presse.