L’Afrique face au défi de la transformation locale : le Ghana en route vers la production de batteries électriques

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Avec près de 30 % des réserves mondiales de métaux critiques, l’Afrique occupe une position stratégique dans l’industrie des batteries électriques. Toutefois, peu de pays africains transforment ces ressources localement, ce qui limite leurs retombées économiques. Certains pays, comme le Ghana, la Zambie, la RDC, et le Zimbabwe, montrent néanmoins une volonté croissante de s’engager dans la production de batteries électriques.

Le Ghana, riche en graphite et désormais ambitieux pour développer une industrie locale, marque un pas supplémentaire avec l’investissement de son Fonds souverain minier (Minerals Income Investment Fund ou MIIF). Le MIIF a annoncé le 5 novembre un investissement de 2 millions de dollars dans Castle Minerals, une société propriétaire du plus grand projet de graphite du pays. Cet apport ferait du MIIF le principal actionnaire de Castle Minerals et donnerait au Ghana un avantage stratégique pour la production de batteries électriques. Le projet de Kambale, estimé à 1,9 million de tonnes de graphite, entre ainsi dans une nouvelle phase de développement.

Une stratégie ambitieuse de transformation locale

Ce soutien financier s’inscrit dans le plan du gouvernement ghanéen visant à instaurer la première usine de batteries au lithium-ion de la région subsaharienne. En parallèle, le pays collabore avec Atlantic Lithium sur un projet d’usine de transformation de concentré de lithium. Le PDG du MIIF, Edward Nana Yaw Koranteng, a souligné que cet investissement fait partie d’une politique nationale pour exploiter les « minéraux stratégiques » et développer une chaîne de valeur locale pour les batteries.

Les défis à relever pour le Ghana et l’Afrique

Pour autant, la route vers une production locale de batteries est semée d’obstacles. Selon la Banque africaine de développement (BAD), l’Afrique risque de capter une part infime (55 milliards de dollars) d’un marché mondial estimé à 8800 milliards d’ici 2025 si elle se limite à l’exportation de minerais bruts. Le Ghana et d’autres pays africains ont ainsi mis en place des restrictions sur l’exportation brute de minerais comme le graphite et le lithium pour encourager la transformation locale.

Cependant, la simple disponibilité en minerais n’est pas suffisante. Le rapport de l’Agence Ecofin sur les conditions de faisabilité pour produire des batteries en Afrique révèle que des infrastructures modernes, des capacités techniques, des financements et un approvisionnement énergétique fiable sont indispensables.

Louis-Nino Kansoun, l’auteur du rapport, résume ainsi la situation : « La production de batteries électriques en Afrique est un défi majeur, mais pas impossible à relever. Des politiques gouvernementales adaptées, des infrastructures et une coopération internationale sont essentielles pour atteindre cet objectif. »

Une opportunité économique et environnementale pour l’Afrique

Bien que le Ghana ne produise actuellement pas tous les métaux nécessaires pour les batteries (comme le nickel, le cobalt et le cuivre), ses investissements dans les ressources disponibles, notamment le graphite et le lithium, pourraient jeter les bases d’une future industrie locale. Le MIIF, avec plus d’un milliard de dollars d’actifs sous gestion, espère atteindre les 6 milliards au cours de la prochaine décennie, renforçant ainsi son rôle dans le secteur minier national et international.

Le Ghana n’est pas seul sur cette voie. En Afrique australe, la Zambie et la RDC travaillent ensemble sur un projet de production de batteries, tandis que le Zimbabwe, premier producteur africain de lithium, encourage également la transformation locale de ses minerais pour répondre aux besoins de l’industrie des batteries.

Un avenir prometteur pour la transformation des ressources africaines

Le pari du Ghana et de ses voisins de transformer localement leurs ressources naturelles pourrait remodeler les économies africaines en réduisant la dépendance aux exportations de minerais bruts. En investissant dans la production de batteries électriques, ces pays cherchent à se positionner en acteurs majeurs d’un marché en pleine expansion et à maximiser les bénéfices de leurs ressources naturelles. Mais la réussite dépendra de leur capacité à surmonter les défis techniques et financiers, tout en capitalisant sur des partenariats internationaux et une vision stratégique pour le développement durable.

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