L’UE Défend sa Décision de Taxer les Véhicules Chinois pour Assurer une Concurrence Équitable

Share

Le mardi 29 octobre, malgré l’opposition de l’Allemagne, Bruxelles a pris la décision d’ajouter une surtaxe de 35 % aux 10 % déjà appliqués sur les véhicules électriques à batterie fabriqués en Chine.

Cette mesure, qui prendra effet dans les plus brefs délais après sa publication le 30 octobre, est valable pour une période de cinq ans. L’objectif affiché par l’Union européenne est de rétablir une concurrence équitable face à des constructeurs accusés de bénéficier de subventions publiques massives, tout en protégeant l’industrie automobile européenne et ses 14 millions d’emplois. Selon la Commission européenne, les véhicules électriques chinois ont rapidement conquis le marché européen, leur part passant de moins de 2 % en 2020 à plus de 14 % au deuxième trimestre 2024.

Le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, a justifié cette décision en insistant sur le fait que l’UE soutenait la concurrence, mais dans le respect de règles de commerce équitables. Il a qualifié la mesure de « proportionnée » et « ciblée ».

Cependant, la Chine a vivement réagi, dénonçant cette mesure comme étant « protectionniste ». Elle a saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC), affirmant qu’elle ne l’acceptait pas et se réservant le droit de prendre des mesures pour protéger les intérêts de ses entreprises. La Chine a également menacé de représailles commerciales, en lançant des enquêtes antidumping sur plusieurs produits européens, notamment le porc, les produits laitiers et le cognac. Malgré des efforts diplomatiques de la part de l’UE, en particulier de M. Dombrovskis, pour parvenir à une solution négociée avec le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, aucune issue n’a été trouvée. Néanmoins, les deux parties ont convenu de poursuivre les discussions, et les surtaxes pourraient être annulées si un accord est atteint pour résoudre les problèmes identifiés dans l’enquête européenne.

En Allemagne, l’annonce a créé une inquiétude particulière dans l’industrie automobile. L’Allemagne et plusieurs autres pays européens, tels que la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie et Malte, ont voté contre cette mesure, mais n’ont pas réussi à empêcher son adoption. Les constructeurs allemands, en particulier ceux fortement implantés en Chine, redoutent les conséquences de cette surtaxe. Ce climat de tensions commerciales intervient dans un contexte difficile pour l’industrie automobile allemande, avec le groupe Volkswagen en crise, confronté à des suppressions massives d’emplois et à la fermeture de plusieurs usines en Allemagne.

D’un autre côté, cette décision de l’UE a été soutenue par des pays comme la France, l’Italie et la Pologne, qui y voient un moyen de défendre leur industrie automobile face à la concurrence asiatique. Le ministre français de l’Économie, Antoine Armand, a salué cette décision comme essentielle pour soutenir l’industrie automobile européenne. Toutefois, la démarche de l’UE inquiète également certains secteurs économiques, notamment celui du cognac, qui estime que la filière est injustement sacrifiée dans ce conflit commercial entre l’UE et la Chine.

Enfin, cette situation s’inscrit dans un cadre de tensions commerciales globales entre la Chine et les pays occidentaux, notamment les États-Unis. Ces derniers ont récemment annoncé une hausse significative des droits de douane sur les véhicules électriques chinois, allant jusqu’à 100 % des tarifs actuels. Contrairement à l’approche plus punitive des États-Unis, l’UE cherche à justifier ses mesures en se basant sur une analyse factuelle des subventions chinoises et en restant conforme aux règles de l’OMC.

Les nouvelles surtaxes appliquées en Europe varient en fonction des constructeurs et du niveau d’aides publiques reçues. Les véhicules fabriqués par Tesla à Shanghai seront soumis à une taxe de 7,8 %, tandis que ceux de BYD, Geely et SAIC feront face à des surtaxes respectivement de 17 %, 18,8 % et 35,3 %. Les autres constructeurs n’ayant pas coopéré à l’enquête européenne se verront également imposer des surtaxes importantes, jusqu’à 35,3 %.

Dernières actualités

Articles similaires